Aux survivants du Grand Fossé

En France, quoi qu'on en dise, quoiqu'on en pense, il y a l'avant 1939 et l'après.
Une sorte de ligne de front interne qui ressemble étrangement au Mur de Berlin version édulcorée.
Ceux qui ont été les enfants des "bons" et ceux qui descendaient des "mauvais".
Les "Justes" et les autres, à l'aune de notre jugement actuel.
Du sommet, jusqu'au plus minuscule clocher, en 1945, chacun avait son héro, ou son traitre, qui brandir ou qui tuer.
Pourtant nous avons Maurice Papon pour nous rappeler que les choses n'étaient pas si claires.
Parce que sa légion d'honneur qui la lui a donnée?
Qui était-il réellement cet homme là?
Crime contre l'humanité, oui mais...ministre quand même...
Tous ceux qui n'ont pensé qu'à survivre au mépris de la plus élémentaire compassion, je ne parle même pas de ceux qui voulaient plus, honneurs ou reconnaissance.

Et nous aujourd'hui, regardons-nous.
Vous prendriez qui sous votre toit?
Contre quoi vendriez-vous votre voiture ou votre télévision?
Quand il n'y a plus rien.
C'est inconcevable le plus rien, avoir simplement faim.
Au pire vous feriez quoi?
Savez-vous même combien de temps il faut à un légume pour pousser?
Qui avez vous recueilli chez vous dans le froid de notre bref hiver, vous est-il même venu à l'idée de faire monter le SDF du coin?
Et quand vous voyez quelqu'un pleurer vous faites quoi?
Nous ne sommes pas en guerre, il n'y a pas l'omnipotent et méchant ennemi.

Vous ne faites rien, et vous le savez bien, sinon regardez la télé pour compatir.

Collaborateurs donc.
Nous le sommes tous par notre silence.
C'est bien ça, la spécificité française.

Chasse, pêche et tradition c'est quoi d'autre sinon montrer le chemin aux "fous ravagés"?

Pour leur dire que le petit marais minuscule faudra bien leur demander comment le traverser.

Et PS: ma tante a dit que je l'avais convaincue d'abandonner François pour Ségolène au premier tour.

Get used to it, elle va gagner.