L'amour c'est un aller et un retour
Le samedi matin c'est la foire aux tracts sur les marchés parisiens, distributeurs ardents face aux passants hableurs, qui repoussent le papier d'un sans façon! ou assurent le porteur de leur vocation, selon.
Ceux que je trouve les plus mignons, bien sûr, dira-t-on, ce sont les Ségomaniac, des petits jeunes, pour la plupart, des hommes en devenir, barbe en friche, sourires déconcertants.
J'en ai vu un à la télé aujourd'hui.
C'était le fils de.
Thomas.
Qui parle de sa maman.
Bon, ce n'est pas parce que j'ai des fils aussi, mais...
Honnêtement, ça ne mérite pas un Bravo ça?
Que ton fils t'aime assez, à l'âge qu'il a, pour affronter les loups et te défendre?
Il tient debout le gamin, sachant qu'il faudra qu'il assume son état de fils à maman, qui reste dans nos contrées, l'oedipe honni.
Quant aux autres, ils viennent jusque dans vos chaumières vous parler de vos emplois, de l'éducation de vos enfants, de vos droits et de vos devenirs, de ceux de nos enfants surtout.
Ils s'immiscent dans vos interstices quotidiennement via tout média.
Ils ont des bandes de conseillers, des communiquants dernier cri, le pouvoir d'un ministère ou d'un tracteur, mais ils n'ont pas un homme qui vous aime ou un fils.
C'est à Elle qu'on demande comment son compagnon a accepté son ascension, jamais à un Lui, être "dans l'ombre" c'est acceptable dans un sens et pas dans l'autre?
Jacques Chirac a une femme et deux filles, quant à lui, dont il ne parle pas en tirant sa révérence à ce qui a été sa vie, quarante ans, putain, et pas un mot pour Bernadette, Laurence et Claude.
Il émeut un peu dans sa grandiloquence d'homme pétri de bons sentiments, l'homme d'Etat, mais juste un peu, un tout petit peu.
Juste les cons.
Ceux qui restent convaincus que nous avons plusieurs existences.
Une pour le paraître, et puis une pour l'être.
Une qui tue tout ce qui nous entoure pour que nous puissions nous offrir ce que nous désirons, et une qui nous tue, par sacrifice pour l'autre.
C'est comme ça?
Au passage, je pleure sur Simone Veil qui s'en va soutenir le Nain, en songeant que ça doit être la vieillesse qui parle.
Parce qu'une femme comme elle, capable de tenir tête à une assemblée de rageurs implacables, si sûrs d'eux-mêmes et de leur fait, s'assoir sur un tabouret comme elle le fait, c'est misérable.
A toutes celles qui ne sont plus en âge d'attendre 5 ou 10 ans, Ségolène est votre dernière chance de voir ça, et si ce n'est pas pour vous, alors pour vos filles?
Aurevoir Jacques, tu as bien tiré le rideau sur ton époque, patriarche donneur de leçon.
Tu viens d'adouber Ségolène, car qui ne dit mot, consent.