Ségo, Sarko, les contraintes réelles
À l’origine étaient l'homme et la femme dans le jardin bucolique du paradis avant d'en être chassés par l'instance supérieure pour cause de rébellion caractérisée de sa part à elle avec l'assentiment muet de lui.
Depuis, il a pris les rênes de la vie publique et elle a battu sa coulpe dans son ombre.
Au terme de ces millénaires, il advient par un mouvement relativement rapide que la femme revient en scène.
Ségo vs Nico. Le combat de nos deux héros est d’autant plus injuste qu’il est inégal.
Pour l'instant Nicolas n’a pas l’injure sexiste en bouche, son propre camp passéiste s’en chargera le temps venu.
Il a parfaitement compris, lui, que le principal atout de son adversaire était précisément son sexe et qu’il valait mieux éviter, en l’état des choses, de mettre en avant ce combat.
D'où le mirage.
C'est au sein même du PS que la misogynie guerroyante fait rage. Il y a bien entendu les lourdes insinuations des éléphants mâles. On se souvient du "Qui va garder les enfants ?" de Fabius, d'une rare délicatesse.
Mais les consoeurs ne sont pas en reste. Ainsi du manifeste ordurier des 143.
Ou, mieux encore, la phrase assassine de Martine Aubry:« La présidentielle n’est pas une affaire de mensurations », propos grotesque dont la conclusion « L’important, quand on veut être président de la République, c’est de porter une vision » me porte à remarquer qu’une jupe est une vision en soi.
Certains diront qu'il ne faut voir là qu'exaspérations claniques. Le problème est que leur ton jauni est totalement décalé de l'état réel de la société.
Le moins doué des publicitaires vous le dira.
La moitié du « mass market » que constitue le suffrage universel est féminin.
Il est curieux de constater que les médias ne pensent qu'à la manne publicitaire de la ménagère de moins de 50 ans, quand le monde politique, qui n’est qu’un reflet comme un autre de ce merchandising, l'ignore royalement.
Autre inégalité. Ségo doit faire face en interne à un double front:
- Côté vieux schnocks, une meute de dinosaures imbus d’eux-mêmes, cramponnés à leurs baronnies tels des plongeurs en apnée,
- Côté jeunes, les révolutionnaires en culottes courtes qui surfent sur les utopies In, et dont on sait par expérience qu’ils ne manqueront pas de rentrer dans le rang.
Camps faussement antinomiques dont elle doit se coltiner les harangues et le déficit d'image qui va avec.
Cerise sur le gâteau, tout ce joli monde, jeunes comme vieux, est englué dans la lutte institutionnalisée des factions, courants et autres calembredaines imaginées et mises en place avec maestria par le machiavel de Jarnac, qui porta au pinacle le fameux « diviser pour mieux régner ».
Le Parti Socialiste a ainsi des allures de Parti Révolutionnaire Institutionnalisé, il s’effondre devant sa propre incapacité à rassembler et susciter un engouement que la nature même des valeurs qu’il défend devrait provoquer.
C'est cela que se traîne Ségo: un Parti qui ne mesure pas les enjeux de modernité.
Le féminisme de sa candidature tout d’abord, dont la symbolique est forte: une porte d’accès à un ordre social universel de justice.
L’auto hypnose dans laquelle le monde politique de gauche se paralyse ensuite, par orgueil et par bêtise, devient prodigieux lorsque l’on se penche un tant soit peu sur l’analyse des données sociétales.
Encore un point sur lequel Nico est avantagé.
Les logiques de transmission se sont considérablement modifiées, l’élection de 2002 nous a apportée la preuve que c'est l’opinion qui fait le leader et non l’inverse.
Populistes dit-on de nos deux hérauts/héros, ils sont essentiellement des porte-voix que les nouvelles technologies ne feront qu’adouber.
L'avance de Nico en ce domaine est troublante. Sans doute Ségo a-t-elle son Désir d'avenir et ses forums citoyens, à la pointe si l'on considère les pratiques standards du PS.
Il s'agit là aussi d'un enjeu de modernité où la gauche, paradoxalement, est en retard.
Contente d’elle, de son statut d’opposant qui date du siècle dernier, elle se noie dans l'émergence de la démocratie directe.
Le non de gauche au référendum fut l'année passée pour une part (hors les traîtrises opportunistes) largement imputable à un mouvement lancé sur le Net qu'en aucun cas l'appareil du PS n'a été capable de maîtriser.
Certes il y a eu les 85 239 adhésions en ligne au PS de ce printemps, décisifs pour la désignation du candidat, et qui ont rafraîchi l'image du parti.
Agoravox nous apprend que le droit de vote de ces nouveaux adhérents pourrait être conditionné par une obligation de visite physique à la section du PS la plus proche de chez eux. Un pas en avant, deux en arrière.
Une telle décision, et même sa simple annonce, est désastreuse en terme d'image.
Cherchez de tels impairs chez Nico. Il n'y en a pas.
Ségo n'y est pour rien. Mais gagner en se traînant de tels boulets relève de l'exploit.
Pour illustrer mon propos, deux petites vidéos.
Précisons qu’il a été très difficile de trouver des images « non officielles » de Ségolène.
Il serait vraiment temps de lâcher du lest, et de comprendre que la transparence est une tendance lourde.
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Fichier original uploadé par Sarkozy et moi |